Le Beau est partout | Fernand Léger

20/5 – 30/10 2017
Centre Pompidou-Metz | France

Peintre de la ville et témoin privilégié des mutations de son époque, Fernand Léger est l’une des figures les plus célèbres de l’aventure de la modernité. De l’avant-garde cubiste à l’engagement communiste, la peinture de Léger reste associée à ses grandes icônes standardisées, vision d’une humanité transfigurée par la machine et la production en série. Pourtant au-delà de ces images puissantes, son œuvre, farouchement indépendante, échappe aux catégories et aux mouvements.

Au fil de cinq décennies de création, c’est l’image vivante de la peinture en train de s’inventer qui apparaît. Curieux, généreux, Léger est de ceux qui veulent la réinventer en puisant au spectacle du monde. Vingt ans après la rétrospective que le Centre Pompidou a consacrée à son œuvre, cette exposition embrasse à nouveau son parcours dans sa diversité : elle éclaire sous un jour inédit le dialogue qu’entretient sa peinture avec la poésie, le cinéma, le spectacle vivant et l’architecture, à travers ses amitiés et collaborations artistiques.

Proche de Blaise Cendrars, Léger partage avec l’avant-garde littéraire une même fascination pour la poésie de la ville moderne, ses affiches et ses réclames. Admirateur de Charlie Chaplin, il collabore avec Abel Gance et Marcel L’Herbier, avant de réaliser en 1924 le Ballet mécanique, film sans scénario. À la même époque, ses décors et costumes pour les Ballets suédois inaugurent des projets de ballets et d’opéras où ses compositions se déploient dans un espace scénique dynamique. Sa fréquentation assidue du cirque, de Medrano aux Fratellini, transparaît dans ses séries d’acrobates et de plongeurs. Animé par le désir de faire entrer la couleur dans la vie, Léger collabore également à plusieurs reprises avec des architectes (Le Corbusier, Mallet-Stevens, Paul Nelson) pour créer un art monumental, total, collectif et polychrome. La volonté de sortir du cadre est pour le peintre un geste politique, un moyen de toucher un nouveau public, en conciliant le moderne et le populaire.

S’appuyant sur des documents d’archives, l’exposition éclaire aussi les différentes facettes de l’homme : grand voyageur, professeur dans l’atelier duquel se formeront des centaines d’artistes (Asger Jorn, Louise Bourgeois, Sam Francis…) et auteur de textes fondateurs sur la peinture. Dans ses lignes, aussi poétiques que percutantes, revient le constat de la puissance esthétique de la vie moderne, trépidante et colorée, et du défi extraordinaire qu’elle représente pour les artistes. « Il n’y a pas le Beau, catalogué, hiérarchisé. Le Beau est partout », écrit-il. Une injonction joyeuse à regarder ailleurs, à voir le monde tel qu’il est, dans sa vérité.