Salon Réalités Nouvelles 2018

Rendez­vous international de l’art abstrait depuis 1946, le Salon Réalités Nouvelles réunit 400 artistes, français et internationaux, qui présentent chacun une œuvre – peinture, sculpture, gravure, dessin ou photographie – aux côtés d’une section art et sciences, d’une invitation faite à sept artistes californiens et d’une carte blanche à un enseignant en école d’art permettant de présenter le travail abstrait de tout jeunes artistes, cette année Didier Mencoboni de l’ENSA Bourges.
Depuis sa première édition en 1946 au Palais des Beaux-Arts / Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, le Salon Réalités Nouvelles a toujours été organisé par des artistes. Si les plasticiens contemporains ne se soucient plus aujourd’hui de s’inscrire dans une ligne abstraite ou figurative avec la même détermination qu’aux origines du salon, c’est toujours un territoire de rencontre entre les artistes, leurs œuvres, les collectionneurs et le public, resté fidèle à ce qui l’a vu naître : les abstractions.
Avec le soutien du ministère de la Culture, c’est aujourd’hui la septième génération d’artistes qui œuvre, sous la présidence d’Olivier Di Pizio, peintre et plasticien. Comme un ADN de son origine, le salon est divisé en deux grandes entités qui le structurent : dans la partie gauche, l’abstraction géométrique et minimaliste, dans celle de droite, l’abstraction informelle et haptique, dite “section peinture”. Au cœur du salon, la sculpture prend toute sa place et des espaces dédiés sont réservés aux œuvres sur papier – dessin, gravure, photographie – ainsi qu’à la vidéo, dite “animation abstraite”, offrant une vision de la scène abstraite contemporaine.
Depuis 2008, avec le soutien de l’Adagp, le Salon Réalités Nouvelles présente les œuvres d’une sélection d’artistes récemment diplômés et/ou encore en école d’art ou en université. En 2014 était proposée une carte blanche à Christian Gattinoni, artiste enseignant à l’Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles, et en 2015 à Yvan Le Bozec à l’Ecole européenne supérieure d’art de Bretagne à Quimper. En 2016 et 2017, respectivement les 70 ans et le 70e anniversaire du salon, étaient invités de jeunes artistes qui avaient pour la plupart fait l’objet d’une invitation précédente, permettant de suivre l’évolution de leur travail. Cette 72e édition est à nouveau l’occasion d’offrir une carte blanche à un artiste enseignant en école d’art. Didier Mencoboni de l’Ecole nationale supérieure d’art de Bourges répond à l’invitation du Salon Réalités Nouvelles par une proposition de travaux d’étudiants essentielle- ment en début de leur cursus. Du plan au volume, de la ligne à la surface, de l’écran à la toile, les médiums variés sont pour ce groupe d’étudiants autant de possibles à explorer dans un moment où tout est encore en devenir.
C’est cette année la 72e édition du Salon Réalités Nouvelles (il n’y eut pas d’édition en 1970). Cette longévité exceptionnelle tient certainement à ce qui, dès ses débuts, en a constitué la spécificité : une exclusive dévotion à l’abstraction. L’exposition “Réalités Nouvelles” conçue par Robert et Sonia Delaunay, à la galerie Charpentier en septembre 1939, a donné son nom au Salon des Réalités Nouvelles, créé en 1946 par Frédo Sidès, son premier président. Le Salon des Réalités Nouvelles se substitue alors à l’association Abstraction­Création (1931-1936). Après 1968, sous la prési- dence de Robert Fontené, le salon prendra la forme d’une association d’artistes qui fait de lui un lieu d’affirmation de la peinture en général et de l’abstraction en particulier.
Les premiers salons durent leur succès à la participation de figures pionnières de l’abstraction (Arp, Sonia Delaunay, Dewasne, Herbin, Kupka, Pevsner…) qui exercèrent une importante force d’attraction auprès de la jeune généra- tion. De fait, le Salon Réalités Nouvelles devint un passage obligatoire pour tout artiste désirant exposer, qu’il soit français ou étranger, comme en atteste le nombre impressionnant d’artistes célèbres ayant exposé durable- ment au salon : Agam, Leo Breuer, Hartung, Ellsworth Kelly, Lindström, Nemours, Poliakoff, Rancillac, Nicolas Schöffer, Soulages, Tàpies, Tinguely…
La vie du Salon Réalités Nouvelles, avec ses changements de présidence, n’a pas été épargnée par les crises inhérentes à ce genre d’organisation : dès 1948, la publication d’un manifeste de l’art abstrait oppose les parti- sans de l’abstraction chaude et froide et… Soulages à Herbin. En 1956, la nomination d’un nouveau président, Robert Fontené, s’accompagne d’une redéfinition de la notion d’abstraction avec la participation de Alechinsky, CoBrA, Olivier Debré, Maria Manton, Louis Nallard… qui côtoient les cinétiques Vasarely et Soto, rejoints quelques années plus tard par Morellet et Le Parc. Face à la montée de l’abstraction lyrique, les géométriques se constituent en un bastion de résistance au cours des années 1960 pour ne pas être marginalisés, alors que les MADI quittent le navire.
Dans les années 1970, de nouvelles formes d’art abstrait, sous-tendues par une idéologie contestataire (Supports/Surfaces, Buren…), remettent en question le salon par des artistes qui en sont eux-mêmes issus. En réponse, les peintres Maria Manton et Louis Nallard proposent alors une nouvelle définition de l’abstraction, liée au gros plan photographique, dans une défense acharnée de la peinture et des artistes français, parmi lesquels Ivan Contreras-Brunet, André Marfaing, Antoine de Margerie…
En 1980, le salon devient le lieu de la permanence de l’abstraction définie comme la peinture en elle-même, de “l’abstraction jusqu’en ses marges” selon son président Jacques Busse.
Les années 2000, avec la présidence de Michel Gemignani puis d’Olivier Di Pizio, sont le moment de réflexion sur l’abstraction alors que l’art et le salon sont pris dans le flux numérique qui bouleverse tout sur son pas- sage. En 72 ans, plus de 10 000 artistes ont partagé l’aventure de l’Abstraction et de Réalités Nouvelles…
Aujourd’hui, Réalités Nouvelles se diversifie avec des versions du salon hors­les­murs comme à Belgrade (2013) ou à Pékin (2014). En 2015, Réalités Nouvelles a ouvert un lieu d’exposition à Paris : Abstract Project, Espace des arts abstraits. Gérée sur le modèle des nonprofit galleries par un collectif d’artistes des RN, la galerie accueille tous les abstraits – du salon